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Grèce : dans le Péloponnèse, les agriculteurs bio à l’épreuve de la crise

Publié le : 04/07/2016 12:09:53
Catégories : Découvrir la Grèce et la Messénie

Grèce : dans le Péloponnèse, les agriculteurs bio à l’épreuve de la crise

Aux dires des autorités grecques, le marché du bio ne s’est jamais aussi bien porté qu’en cette période d’austérité. Mais dans le Péloponnèse, dans le sud de la Grèce, les agriculteurs rencontrés sont loin de dresser le même constat. 

Reportage de notre envoyé spécial en Grèce. 

C’est un petit champ de citronniers perché sur les hauteurs de Mélissi, dans le golfe de Corinthe. La mer azuréenne est à 200 mètres en contrebas, juste derrière l’ancienne route nationale poussiéreuse. Les citrons qui mûrissent sous un soleil éclatant proviennent de différentes espèces qui garantissent à Vlassis Adrachtas une récolte annuelle continue. Trois cent cinquante arbres sont plantés là, posés sur un tapis de trèfles. L’agriculteur en possède 500 au total, tous destinés à produire du jus, tous garantis 100 % bio. Même le fumier répandu à leurs pieds provient de poules bio, assure-t-il.

Le jeune sexagénaire s’est mis au bio en 2003, convaincu par une étude qui montrait les conséquences de l’utilisation des produits phytosanitaires sur la santé. « J’ai eu peur », dit-il. Désormais, il n’utilise plus que les traitements autorisés par le cahier des charges de l’agriculture biologique. Et tant pis si ses fruits présentent des imperfections. « Vous voyez cette petite fleur, lance-t-il en désignant un bourgeon qui vient à peine d’éclore. Un agriculteur conventionnel l’aurait immédiatement aspergée de pesticides pour éviter les petites taches sur l’écorce qui pourraient rebuter le consommateur. ». Ici, la chimie est bannie. Vlassis Adrachtas préfère passer trois jours à tondre les mauvaises herbes plutôt que de les arroser de désherbant. Sans compter qu’une fois coupées, elles constituent en pourrissant un excellent fertilisant.

Augmentation des coûts de production

Mais les temps sont durs pour les producteurs de citrons, concurrencés par des agrumes importés d’Argentine. Pour Vlassis Adrachtas, toute cela est de la faute de la politique européenne mise en place au début des années 1980. « En 1982-83, la préférence communautaire a été abandonnée au profit d’accords signés avec des pays tiers. Enterrer notre production était presque plus intéressant que de l’exporter. C’est comme ça qu’on a perdu le marché », raconte-t-il.

Les coûts ont explosé. « Quand j’ai commencé à 18 ans, les prix permettaient de vivre de l’agriculture. On pouvait acheter un véhicule agricole avec 20 tonnes de citron, se souvient le producteur. Aujourd’hui, il faut 100 tonnes, c’est-à-dire environ 30 000 euros. » L’eau aussi est devenue chère. Vlassis Adrachtas arrose ses arbres en moyenne dix fois l’été et deux fois l’hiver. 48 000 litres par arrosage, 0,5 euro les 1 000 litres. Le calcul est vite fait. Sans compter le coût de l’électricité pour pomper cette eau devenue de plus en plus rare en Grèce. « A côté d’ici, l’eau est pompée à 200 mètres en profondeur. Cela représente 15 euros d’électricité par jour », rapporte Vlassis Adrachtas. Lui a plus de chance : un sourcier a découvert que son terrain se situait juste au-dessus d’une nappe phréatique, à seulement 36 mètres de profondeur. Un trésor que le producteur de citrons évite soigneusement de dilapider en économisant ses arrosages.

Cette hausse des coûts est loin d’être compensée par les subventions de la Politique agricole commune, affirme Vlassis Adrachtas. Bien au contraire. Il dit avoir subi une diminution de 20 % des aides européennes en 2015. L’agriculteur doit alors s’adapter. L’année dernière, il a écoulé ses 20 tonnes de production sur le marché conventionnel. Cette année, il la réserve à l’exportation. Tout partira aux Pays-Bas via un importateur de produits bio. Un bon moyen pour Vlassis Adrachtas de concilier ses convictions environnementales et ses préoccupations économiques.

« Sortir les consommateurs du système »

A vingt minutes de là, allongé à l’ombre d’une plantation d’orangers, Adonis Diamantis raconte comment il est devenu agriculteur bio en 2012 après avoir parcouru le monde comme chercheur au sein du Mouvement mondial pour les forêts tropicales. Aujourd’hui, il cultive avec son associé des oranges, du raisin, des figues et toutes sortes de légumes. Avec d’autres producteurs bio, ils ont constitué un réseau pour mutualiser les dépenses. « Le bio ne ferme pas les portes, assure-t-il. Le principal problème, c’est qu’il n’y a pas assez d’offre. Sur les marchés bio à Athènes, par exemple, un seul étal propose des brocolis. A côté de cela, les agriculteurs conventionnels produisent de tout en toutes saisons. »

Adonis Diamantis est un jusqu’au-boutiste. Pas question pour lui d’écouler son stock sur le marché conventionnel ; il faut sortir les consommateurs du système pour les attirer vers les circuits courts afin que l’argent revienne directement aux producteurs. Pas question non plus de solliciter les aides de la PAC ; « les agriculteurs doivent gagner leur vie grâce à leur travail plutôt que de façon artificielle avec les subventions européennes », considère-t-il.

Des conséquences parfois dramatiques

Mais cet idéal ne favorise pas les rentrées monétaires. Adonis Diamantis peine à trouver les 300 euros nécessaires pour installer un système d’arrosage automatique dans la petite serre où il fait pousser ses graines. A défaut, il doit s’y rendre trois fois par jour, arrosoir à la main, pour faire le travail lui-même. Ces difficultés financières ont pour certains des conséquences dramatiques. L’année dernière, dans son entourage, cinq agriculteurs sont morts à cause du stress, confie-t-il. Son associé a lui-même été victime d’une crise cardiaque.

Pourtant, aux dires des autorités grecques, le marché du bio ne s’est jamais aussi bien porté qu’en cette période d’austérité. « Les consommateurs préfèrent consommer moins mais mieux », affirme Stavros Arahovitis, député Syriza en charge des questions agricoles. Et le programme du gouvernement actuel, qui met l’accent sur l’agriculture biologique, est bien aidé par celui de l’Union européenne qui promeut le respect de l’environnement. « Les produits bio offrent des perspectives intéressantes, en particulier le vin et l’huile pour l’exportation », fait valoir Stavros Arahovitis. Et à ceux qui se plaignent, le député Syriza répond dans un sourire : « Les producteurs doivent être capables de se glisser dans les marchés qui existent. »

Source : www.rfi.fr publié le 04-04-2016 par François Damien Bourgery

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